La labellisation de « société à mission » entrée dans le droit par la loi Pacte du 22 mai 2019 permet aux entreprises qui le souhaitent de se doter d'une « raison d'être », qui intègre la prise en compte des impacts sociaux, sociétaux et environnementaux de leurs activités.
D’un point de vue pratique, l’avènement de la société de mission traduit un changement de statut, avec le passage d’une logique de performance marquée par une grande liberté d’action à un besoin de légitimation, où l’entreprise doit démontrer le bien-fondé de ses actions en matière d'impacts sociaux et environnementaux.
Cette mesure est ici hautement symbolique.
Elle vient rappeler que si le système économique assure aux entreprises une certaine autonomie basée sur la confiance (avec le droit à réaliser du profit librement), l’entreprise doit aussi reconnaître sa dépendance à la société par la possibilité d’être évaluée et contestée, si ses comportements viennent remettre en question certains enjeux environnementaux, sociétaux ou sociaux.
Car en cas de remise en cause, l'entreprise risquerait alors de subir des coûts d’image, de confiance de la part de ses salariés, consommateurs et citoyens en général.
A bien y regarder, la société à mission présente 7 principaux avantages pour l’entreprise :
1 Redonner un sens au projet de l’entreprise
2 Fédérer et motiver des collaborateurs en quête de sens
3 Reconnaître le besoin d’un partage plus équitable des risques et des responsabilités
4 Réinventer un modèle de développement qui permet de réconcilier performance économique, performance sociale et performance sociétale
5 Reconfigurer les interactions Entreprise / Société en proposant un projet commun aux actionnaires, salariés et partenaires
6 Prouver son engagement et sa mobilisation en faveur des enjeux sociaux et environnementaux
7 Accroître la visibilité et la légitimité de la firme vis-à-vis des tiers
Sur un plan plus stratégique, la société à mission permet également de redorer l’image de marque de la société, en valorisant le fait qu'elle contribue à l'intérêt général, en se montrant concernée par les enjeux sociétaux.
Elle contribue enfin à renforcer l’attractivité de l’entreprise et sa marque employeur, en particulier dans sa recherche de nouveaux talents.
Mais ce choix n’est pas sans risques et il convient de veiller ici à ce que l’inscription de la mission dans les statuts de l’entreprise ne soit pas :
Un simple « argument marketing », car ce choix n’est pas sans inconvénient et peut conduire à la demande de retrait de la qualification de « société à mission » avec ses conséquences en termes d’image et de réputation.
Un effet de mode, avec le risque que l’opportunisme prenne le pas sur les convictions
Ou pire encore une forme d’hypocrisie organisationnelle, lorsque tout est soigneusement mis en scène pour exprimer des intentions qui s’accordent mal avec la réalité des actions engagées sur le terrain.
Car dans ce cas, ce nouveau label risque bien d’aboutir aux effets inverses de ceux escomptés avec une crise de confiance, en renforçant la technostructure et en institutionnalisant l’opportunisme, la duplicité et l’absence d’intégrité en entreprise.
Attention donc à mesurer l’intérêt mais également les obligations qu’imposent cette nouvelle qualification.
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