Logiciels de caisse : l'échéance de certification est repoussée à 2026. Une opportunité, Pas des Vacances !
- David Sanglier
- 7 oct.
- 10 min de lecture
C’est la nouvelle qui agite le monde des commerçants, des artisans et des restaurateurs depuis l'annonce du BOFiP (Bulletin Officiel des Finances Publiques-Impôts) ce 1er octobre 2025 : la date butoir pour que les éditeurs de logiciels de caisse obtiennent le fameux certificat de conformité est prorogée au 31 août 2026.
Un « Ouf ! » de soulagement général ?
Oui, et c'est bien normal.
Cette annonce donne de l'air, aussi bien aux éditeurs de logiciels qu'à vous, utilisateurs quotidiens.
Mais attention à l'effet trompeur de ce sursis.
Ce report n'est pas une annulation, l'arbitre n'a pas sifflé la fin du match, il a simplement accordé un peu de temps additionnel.
Et ce temps, il est précieux.
L'obligation d'utiliser un logiciel de caisse conforme et sécurisé reste plus que jamais d'actualité, et l'amende de 7 500 € en cas de manquement n'a pas disparu.
Alors, que signifie vraiment cette prorogation pour votre activité ?
Comment transformer ce délai en une véritable opportunité pour sécuriser votre entreprise et optimiser votre gestion ?
En tant que votre expert-comptable, notre rôle est de décrypter pour vous les lignes fines de la réglementation et de vous fournir un plan d'action clair et pragmatique.
Cet article est votre guide complet pour naviguer cette période de transition en toute sérénité et faire les bons choix, sans stress et sans précipitation.
Suivez-nous, on vous explique tout.
Retour aux Fondamentaux : Pourquoi l'Administration Fiscale se soucie-t-elle de votre Caisse ?
Avant de plonger dans les détails de l'annonce, un petit rappel s'impose.
Pourquoi cette réglementation sur les logiciels de caisse existe-t-elle ?
La réponse tient en quelques mots : la lutte contre la fraude à la TVA.
Instaurée par la loi de finances pour 2016 et entrée en vigueur en 2018, cette obligation vise à empêcher la dissimulation de recettes en espèces. L'idée est simple : garantir que chaque transaction enregistrée dans votre système de caisse soit fiable, traçable et ne puisse pas être supprimée ou modifiée sans laisser de traces.
Pour être considéré comme "conforme", votre logiciel ou système de caisse doit impérativement respecter quatre conditions fondamentales, aussi appelées les "quatre piliers de la conformité".
Les comprendre, c'est comprendre l'esprit de la loi et l'enjeu derrière cette obligation.
L'Inaltérabilité : La Mémoire Infalsifiable de vos Ventes
Ce que ça veut dire concrètement ? Votre logiciel doit enregistrer chaque opération de manière définitive. Une fois qu'une transaction est validée, il doit être techniquement impossible de la modifier ou de la supprimer sans qu'une opération d'annulation ou de correction, elle-même tracée, ne soit créée.
Exemple pratique : Fini le temps où l'on pouvait "zapper" une vente en espèces en fin de journée pour la faire disparaître des registres. Un logiciel conforme crée une chaîne de données ininterrompue, un peu comme les maillons d'une chaîne qui, une fois scellés, ne peuvent plus être retirés. Toute modification est en réalité un ajout qui explique la correction.
La Sécurisation : Le Cadenas Numérique sur vos Données
Ce que ça veut dire concrètement ? Les données d'origine (tickets, transactions, etc.) et les éventuelles opérations de modification doivent être sécurisées par des procédés techniques (comme la "signature électronique" de chaque transaction) qui garantissent leur intégrité.
Exemple pratique : Chaque ticket de caisse est "verrouillé" numériquement. Si quelqu'un tentait de modifier le montant d'une vente a posteriori, le système le détecterait car le "cadenas" serait brisé. Cela garantit que les données que vous transmettez pour votre comptabilité sont les mêmes que celles enregistrées au moment de la vente.
La Conservation : Garder une Trace pour l'Avenir
Ce que ça veut dire concrètement ? Votre système doit enregistrer et clôturer les données de manière périodique (journalière, mensuelle, annuelle). Ces données cumulatives et récapitulatives (les fameux "Z de caisse" par exemple) doivent être conservées pendant la durée légale, soit six ans.
Exemple pratique : Vous devez être capable de ressortir, à la demande d'un contrôleur, l'historique complet et détaillé de vos encaissements pour une période donnée, même plusieurs années après. Votre logiciel de caisse devient une archive vivante et fiable de votre activité commerciale.
L'Archivage : Des Données Prêtes pour le Contrôle
Ce que ça veut dire concrètement ? Le système doit permettre de générer des archives facilement exploitables par l'administration fiscale en cas de contrôle. Ces exports doivent être dans un format standardisé et lisible, permettant au vérificateur de s'assurer rapidement du respect des trois premières conditions.
Exemple pratique : En cas de contrôle, vous n'avez pas à fouiller dans des piles de carnets ou des tableurs complexes. D'un clic, votre logiciel doit pouvoir exporter un fichier complet, clair et structuré qui prouve votre bonne foi et la fiabilité de vos enregistrements.
Ces quatre piliers ne sont pas de simples contraintes techniques. Ils sont le fondement d'une gestion transparente et saine.
Un logiciel qui respecte ces règles vous protège, fiabilise votre comptabilité et, in fine, vous fait gagner un temps précieux.
C'est sur la preuve du respect de ces conditions que tout l'enjeu de la prorogation se joue.
Le Grand Duel de la Conformité : Attestation vs. Certificat
Pour prouver que votre logiciel de caisse respecte bien ces quatre conditions, la loi avait prévu deux moyens de preuve. Comprendre leur différence est absolument crucial, car c'est le cœur du sujet qui nous occupe aujourd'hui.
Imaginez que votre logiciel de caisse est une voiture. Pour avoir le droit de rouler, elle doit être conforme au Code de la route.
Comment le prouver ?
1. L'Attestation Individuelle de l'Éditeur : La Déclaration sur l'Honneur
Qu'est-ce que c'est ? C'est un document officiel, fourni et signé par l'éditeur de votre logiciel, dans lequel il engage sa propre responsabilité en déclarant que son produit respecte les quatre fameuses conditions (inaltérabilité, sécurisation, conservation, archivage).
L'analogie de la voiture : C'est comme si le constructeur automobile vous fournissait un papier officiel affirmant : "Je vous jure que la voiture que je vous ai vendue respecte toutes les normes de sécurité en vigueur".
La force et la faiblesse : Sa force est sa simplicité d'obtention. Sa faiblesse réside dans sa nature déclarative. La preuve repose entièrement sur la bonne foi et le sérieux de l'éditeur. En cas de contrôle, si le logiciel s'avère finalement non conforme, la responsabilité peut être partagée, mais c'est bien vous, l'utilisateur, qui subissez l'amende en premier lieu.
Votre bouclier actuel : Avec la prorogation, l'attestation individuelle reste, pour l'instant, le principal moyen de preuve valide et indispensable.
2. Le Certificat de Conformité : L'Expertise du Contrôle Technique
Qu'est-ce que c'est ? C'est un document bien plus puissant. Il n'est pas délivré par l'éditeur lui-même, mais par un organisme tiers, indépendant et accrédité par le COFRAC (Comité Français d'Accréditation), comme le Laboratoire National de métrologie et d'Essais (LNE) ou Infocert.
L'analogie de la voiture : Ce n'est plus la parole du constructeur, c'est le macaron du contrôle technique. Un expert indépendant a démonté le moteur, testé les freins, vérifié les émissions et a apposé un sceau officiel : "Cette voiture est bien conforme et sûre".
Pourquoi est-ce plus robuste ? Pour obtenir ce certificat (souvent sous la norme NF525), l'éditeur doit soumettre son logiciel à une batterie de tests et d'audits extrêmement rigoureux. L'organisme certificateur vérifie en profondeur le code, l'architecture et les fonctionnalités pour s'assurer qu'aucune faille ne permet de contourner les quatre conditions. Ce certificat offre donc une sécurité juridique quasi absolue à l'utilisateur.
L'objectif de demain : C'est vers ce mode de preuve que la réglementation tend. L'objectif initial était de rendre ce certificat obligatoire pour tous, mettant fin aux attestations individuelles.
Alors, pourquoi la prorogation ? Tout simplement parce que le processus de certification est long, complexe et coûteux. De très nombreux éditeurs, en particulier les plus petits, n'ont pas encore réussi à obtenir le précieux sésame. Rendre le certificat obligatoire maintenant aurait mis en difficulté des milliers d'entreprises utilisant des logiciels non encore certifiés, créant un véritable blocage du marché. L'administration a donc choisi une voie pragmatique : donner plus de temps aux éditeurs pour passer leur "contrôle technique".
La Prorogation au 31 Août 2026 : Décryptage d'une Bouffée d'Oxygène
Vous l'aurez compris, ce délai supplémentaire jusqu'à l'été 2026 est avant tout un sursis accordé aux éditeurs. Mais par ricochet, c'est aussi du temps pour vous.
Du temps pour quoi faire ?
Surtout, ne pas procrastiner ! Considérer cette annonce comme une invitation à ne rien faire jusqu'en 2026 serait une grave erreur stratégique.
Le Risque qui Demeure : L'Amende de 7 500 € est Toujours Là
C'est le point le plus important à marteler : la prorogation ne suspend pas l'obligation de fond. Si un contrôleur se présente demain dans votre commerce, il est en droit de vérifier si votre système de caisse, qu'il ait une attestation ou non, permet des manipulations frauduleuses.
S'il démontre que votre logiciel est permissif (par exemple, qu'il est possible d'effacer une vente sans laisser de trace), l'amende de 7 500 € par logiciel ou système non conforme est applicable immédiatement.
Vous disposerez alors d'un délai de 60 jours pour vous mettre en conformité, sous peine d'une nouvelle amende. Le report de l'échéance du certificat ne vous protège absolument pas contre un logiciel intrinsèquement frauduleux.
Le Piège à Éviter : La "Tranquillité de l'Attestation"
"J'ai mon attestation, je suis donc tranquille jusqu'au 31 août 2026."
Cette pensée est un faux-ami. L'attestation, comme nous l'avons vu, n'est qu'une déclaration de l'éditeur. Si cet éditeur est peu scrupuleux, ou s'il rencontre des difficultés à faire certifier son logiciel (parce qu'il est mal conçu), son attestation n'a que peu de valeur.
Ce sursis doit donc être perçu non pas comme une période d'attente, mais comme une période d'évaluation active. C'est le moment idéal pour vous assurer que votre partenaire technologique (votre éditeur de logiciel) est fiable, sérieux et prêt pour l'avenir.
Votre Plan d'Action en 4 Étapes : Transformez le Sursis en Stratégie
En tant que votre partenaire de confiance, nous vous proposons une feuille de route simple et efficace pour mettre à profit cette période. Ne subissez pas l'échéance, anticipez-la !
Étape 1 : L'Audit Immédiat – Dépoussiérez vos Documents
La première action est simple et peut être faite dès maintenant : retrouvez votre attestation de conformité.
Où la trouver ? Elle vous a normalement été remise par votre prestataire lors de l'installation ou d'une mise à jour majeure. Elle peut se trouver dans vos factures, votre espace client en ligne ou vos emails.
La checklist de validité : Une fois le document en main, vérifiez ces points cruciaux :
Est-il nominatif ? L'attestation doit clairement mentionner le nom de VOTRE entreprise, pas un nom générique.
Identifie-t-il le logiciel ? Le nom exact du logiciel et, idéalement, le numéro de version que vous utilisez doivent y figurer.
Est-il daté et signé ? Il doit comporter la signature de l'éditeur et une date de délivrance.
Notre astuce pratique : Vous avez trouvé le document ? Parfait ! Prenez-le en photo ou scannez-le et envoyez-le nous immédiatement. Nous le vérifierons et l'archiverons de manière sécurisée dans votre dossier permanent au cabinet. C'est une pièce maîtresse de votre dossier fiscal. Si vous ne le trouvez pas, contactez sans tarder votre éditeur pour qu'il vous en fournisse une copie.
Étape 2 : L'Enquête – Votre Éditeur est-il un Bon Élève ?
Une fois le papier vérifié, il faut aller plus loin. Menez votre petite enquête sur la fiabilité et la vision à long terme de votre prestataire.
Le premier réflexe : le site web. Visitez le site internet de votre éditeur. Affiche-t-il clairement des informations sur la conformité légale ? Mentionne-t-il la certification NF525 ou LNE/Infocert ? A-t-il une page dédiée à ce sujet ? Le silence radio est souvent un mauvais signe.
La question qui change tout : Prenez contact avec le support commercial ou technique de votre éditeur (par email, pour garder une trace écrite) et posez-lui la question suivante :
"Bonjour, suite à la prorogation du délai de certification au 31 août 2026, pourriez-vous s'il vous plaît me communiquer votre calendrier prévisionnel pour l'obtention d'un certificat de conformité par un organisme accrédité (type LNE ou Infocert) pour le logiciel [Nom de votre logiciel et version] que j'utilise ? Merci par avance."
Savoir lire entre les lignes :
Une réponse claire et transparente (ex : "Nous sommes en cours de processus avec Infocert et visons une certification pour le second semestre 2026") est un excellent signal.
Une réponse vague, évasive ou l'absence de réponse doit allumer un voyant rouge. Un éditeur qui n'a pas de plan de certification à ce jour est un éditeur à risque.
Étape 3 : L'Anticipation – Et s'il fallait Changer de Logiciel ?
Si les réponses de votre éditeur ne sont pas satisfaisantes, il est temps d'envisager sereinement un changement. Loin d'être un échec, c'est un acte de bonne gestion et une décision stratégique pour l'avenir de votre entreprise.
Pourquoi anticiper ? Changer un logiciel de caisse ne se fait pas en un claquement de doigts. Cela demande de la recherche, des démonstrations, une prise en main par vos équipes, et la migration de vos données (catalogue produits, fichier clients...). S'y prendre maintenant, c'est s'offrir le luxe du choix et de la négociation, sans être acculé par une échéance imminente.
Le vrai coût d'un mauvais logiciel : Au-delà du risque des 7 500 € d'amende, un logiciel non adapté ou vieillissant vous coûte cher au quotidien : perte de temps, fonctionnalités manquantes (gestion de stock, click & collect, programme de fidélité...), manque de visibilité sur vos performances... Un nouveau logiciel certifié est un investissement dans votre tranquillité fiscale, mais aussi dans votre performance commerciale.
Nos recommandations pour bien choisir :
Pensez "écosystème" : Ne regardez pas que le prix. Le logiciel se connecte-t-il facilement à d'autres outils ? Peut-il exporter simplement les données pour notre cabinet, vous faisant gagner du temps (et donc de l'argent) sur la saisie comptable?
La certification comme critère n°1 : Privilégiez les éditeurs qui affichent déjà fièrement leur certificat NF525 ou LNE, ou qui sont des acteurs reconnus du marché. C'est un gage de sérieux et de pérennité.
Testez l'ergonomie et le support : Demandez une démonstration. L'interface est-elle intuitive ? Le support technique est-il réactif et basé en France ? Un bon outil est un outil que vous et vos équipes prendrez plaisir à utiliser.
Étape 4 : Le Partenariat – Appuyez-vous sur votre Expert-Comptable
Vous n'êtes pas seul face à ces enjeux. Notre rôle dépasse largement la simple tenue de vos comptes et l'établissement de votre bilan. Nous sommes vos copilotes stratégiques.
Faites de nous votre tour de contrôle : Nous avons une vision globale du marché des logiciels et des retours d'expérience de nombreux clients. Nous pouvons vous aider à :
Valider la conformité de votre attestation actuelle.
Analyser la réponse de votre éditeur.
Vous recommander des solutions logicielles fiables et adaptées à votre secteur d'activité.
Vous accompagner dans la planification budgétaire d'un éventuel changement.
Optimiser les passerelles entre votre futur logiciel de caisse et nos outils de production comptable.
Conclusion : 2026, c'est Demain. Préparez-vous Aujourd'hui.
La prorogation du délai de certification des logiciels de caisse est une excellente nouvelle si, et seulement si, elle est utilisée à bon escient. C'est une opportunité en or de faire le point, de vérifier la fiabilité de vos outils et de vos partenaires, et de sécuriser votre entreprise pour les années à venir.
Ne laissez pas ce sujet retomber en bas de votre pile de dossiers. L'échéance de 2026 arrivera plus vite que vous ne le pensez. En suivant ce plan d'action – Vérifier, Questionner, Anticiper – vous transformez une contrainte réglementaire en un projet d'amélioration pour votre entreprise.
La conformité fiscale n'est pas un fardeau ; c'est le socle d'une gestion saine, sereine et durable. Nous avons maintenant le temps nécessaire pour couler ensemble des fondations en béton armé.
Un doute ? Une question ? Vous souhaitez faire le point sur votre situation ?
Contactez-nous. C'est précisément pour cela que nous sommes là.




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